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Année : 2020
Auteur :
Hoessler, Michel
Lapassat, Agnès


Paysage/s : architectures, villes & territoires en transition

Paysage/s : architectures, villes & territoires en transition (P 910)

Objectifs UNE PROBLEMATIQUE GLOBALE, UNE RESOLUTION LOCALE, entre théorie et pratique.

L’objectif de cet atelier est d’étudier, de mettre en critique les propositions du mouvement de la Ville en Transition et d’illustrer cette transformation possible de l’ensemble des espaces d’un territoire concret, celui de la Communauté de Communes Gally Mauldre, territoire à dominante rurale et périurbaine du département des Yvelines. Il s’agit de répondre aux enjeux de la métropole parisienne, de penser et d’organiser l’évolution du territoire, non plus depuis la ville-centre, mais depuis sa périphérie, en interrogeant le renversement possible du rapport ville / campagne par les transformations du péri-urbain.Notre démarche sera donc :- d’appréhender un système ou un problème dans sa globalité,- d’observer comment les parties d’un système sont reliées,- de réparer les systèmes défaillants, en appliquant des idées apprises de systèmes durables, matures, en fonctionnement,- d’apprendre de ces systèmes naturels en fonctionnement pour planifier l’intégration de l’être humain dans les écosystèmes où il s’est implanté et qu’il a abimé avec ses systèmes agricoles et urbains, la plupart du temps par manque de connaissance et d’éthique.Les principes de la Ville en Transition seront analysés, mis en critique, en explorant leur potentiel de recomposition de l’architecture, de la ville et du paysage, de l’échelle territoriale à celle de l’édifice, envisageant le projet comme illustration des possibles de ces territoires.

Contenu

A la recherche d’une société plus écologique, de nombreuses initiatives publiques et privées tendent à modifier la manière de concevoir bâtiments et espaces publics. Parmis ces initiatives, celle des “Villes en Transition” porte un regard particulièrement intéressant sur les objectifs à atteindre à l’échelle globale, en proposant méthode et outils pour y parvenir à une échelle locale.

Mouvement ou réseau d’initiatives locales et citoyennes, la Ville en Transition s’inspire des principes de la permaculture pour penser et construire une société dans laquelle intelligence, sobriété et efficacité permettraient la transition énergétique et écologique nécessaire à une société “sans pétrole”. Ce mouvement qui est devenu mondial trouve pourtant un enracinement local, celui de l’initiative citoyenne. Il est né d’un exercice universitaire, une expérimentation de descente énergétique, mené en 2005 par les étudiants du cours de soutenabilité appliquée de l’université de Kinsale (Irlande), sous la direction de Rob Hopkins, enseignant en permaculture. En 2006, la ville de Totnes (Grande-Bretagne) se lançait avec Rob Hopkins dans la mise en application des actions qui lui permettraient de penser et mettre en oeuvre les moyens de sa transition vers un monde sans pétrole. Rob Hopkins est aujourd’hui considéré comme le fondateur de ce mouvement, Totnes comme la première expérience ménée à l’échelle urbaine.

La nécessité d’entrer en transition est définie par Rob Hopkins en réponse à la problématique du pic pétrolier (comment adapter nos modes de vies à cette pénurie, puis cette disparition) liée à celle du changement climatique. A l’inverse de certains discours, il n’est pas question de limiter, de contraindre pour tenter de sauvegarder ce qui peut l’être, il est question de prendre acte que des changements sont en cours, et que la plus belle chose que puisse faire une humanité forte des connaissances acquises et des technologies qu’elle maîtrise est tout simplement de penser son adaptation, et d’entrer dans un processus de résilience, permettant de redéfinir nos actions en respect du monde vivant, de préparer notre cadre de vie pour qu’il puisse perdurer.
Quand la plupart des discours sur la transition énergétique sont anxiogènes, militants, portent une part de confrontation pour convaincre, de nécessité de légiférer pour imposer, les initiatives des acteurs des Villes en Transition sont basées sur l’optimisme, la réflexion collégiale, le partage d’un projet et sa mise en oeuvre en toute simplicité.

Si les thèmes abordés par le mouvement des Villes en Transition sont communs à de nombreuses initiatives actuelles (autonomie énergétique, autonomie alimentaire, recherche d’un moindre impact environnemental, etc.) la particularité de cette démarche est de les appréhender d’une manière héritée du modèle agricole de la permaculture, pensant la transition non plus comme une somme d’actions juxtaposées, mais en liant ces actions dans un projet d’ensemble, cherchant la cohérence entre les soins à la nature & à la terre, l’habitat, les outils & technologies, l’enseignement & la culture, la santé & le bien-être, la finance & l’économie, le foncier & la gouvernance. La démarche de transition y est un projet initié et maîtrisable par un collectif citoyen, décidé collégialement sur la base de recherche de connaissances spécifiques à chaque domaine concerné (habitat, éducation, culture, production agricole, production énergétique), de leur partage, pour une mise en pratique immédiate et itérative.

Les initiatives les plus fréquentes concernent l’autonomie alimentaire (notamment en ville où quantité de potagers alternatifs expérimentent le circuit court), mais aussi la monnaie alternative, “locale” (qu’il s’agisse des billets “pêches” de Montreuil, des “radis” d’Ungersheim, 50 monnaies locales sont actuellement en circulation, près de 70 en projet), les projets de mutualisation pour la transition énergétique d’ensembles immobiliers, et bien évidemment la construction de bâtiments.

L’aménagement de l’espace public fait de même partie des initiatives de transition, même s’il n’est que plus rarement évoqué par les acteurs se revendiquant de la Ville en Transition. Les problématiques écologiques, puis les difficultés budgétaires de nombreuses communes, ont conduit à penser l’espace public suivant une économie de moyen et d’énergie (éclairage public, assainissement en surface, gestion différentielle des espaces plantés, etc.). Le choix même des végétaux a évolué vers une plus grande adéquation avec le milieu, l’écosystème.

Les initiatives sont ainsi publiques, collectives et individuelles. Chacune est vertueuse et utile, en cela rarement mises en relation réelle par le prisme de leur potentiel commun de redéfinition de nos territoires, tant en terme fonctionnel que technique et qu’esthétique.

Le travail de va et vient entre l’’échelle territoriale et celle de l’édifice sera au coeur de la démarche. Après une courte analyse d’ensemble, menée collégialement, le travail individuel permettra à chacun d’approfondir une situation particulière.